Joël Doré INRAJoël Doré est directeur de recherche à l’INRA de Jouy-en-Josas, et directeur scientifique de l’unité de service de MétaGénoPolis, financé par les investissements d’avenir. Il est co-récipiendaire du Prix 2014 de la Fondation Simone et Cino Del Duca pour son travail sur le métagénome du microbiote intestinal.

Le microbiote intestinal interagit avec l’organisme humain en général, que ça soit avec le système immunitaire, mais aussi le foie et les tissus adipeux, et d’une certaine façon intervient dans la régulation, en liaison avec le système nerveux central.

Des publications vraiment marquantes en 2012, sur les travaux suédois et canadiens ont intéressé au plus haut point la communauté scientifique, nous dit Joël Doré. Ces travaux sont un début de mise en lumière de l’impact du microbiote intestinal sur le comportement des souris. La première étude suédoise a montré que l’absence de microbiote intestinal ou un changement total de ce microbiote, avait un impact majeur sur le stress, l’anxiété et les comportements de ces souris. Les études canadiennes ont été plus poussées, et ont démontré que la modification du microbiote intestinal avait un lien direct avec l’anxiété.

Joël Doré fait ensuite référence à des études plus anciennes (début des années 2000), qui tendraient à démontrer, qu’il y a un lien potentiel entre le microbiote intestinal et l’autisme. Des travaux anglais ont montré, qu’il était possible de mettre en évidence, la surreprésentation de certaines bactéries chez les enfants qui développaient un autisme tardif (dans l’adolescence). Suite à ces premiers travaux, il semblerait, nous dit Joël Doré, que les causes de l’autisme soient multifactorielles.

Il en va de même pour le contrôle de la prise alimentaire, le microbiote intestinal, intervient au moins pour partie dans sa régulation.

Ce que nous sommes en train d’explorer, ce sont les mécanismes qui permettent au microbiote intestinal de « dialoguer » avec le cerveau, et à travers desquels, ce microbiote peut contribuer à la régulation de comportements, et à la prise de décisions.

Un travail scientifique d’Emeran Mayer, publié en 2013, sur des probiotiques bien identifiés (bactéries de yaourt), à montré que la prise de ces probiotiques pendant 28 jours, avait une incidence sur la perception d’informations, lors de tests d’analyse d’images, chez les individus participant à cette étude, et sur leurs réponses à ces tests standardisés qui leurs étaient proposés. C’était là une confirmation chez l’homme, d’une relation modulable, entre le microbiote intestinal et le système nerveux central.

DP

 

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